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Covid-19 : comment l’Éstiam s’est organisée pour poursuivre ses cours

Lors du confinement puis en cette rentrée compliquée, l’école supérieure d’informatique a mis en œuvre une nouvelle organisation lui permettant de dispenser la totalité de ses cours à distance.

« Le ciel nous est tombé sur la tête ». Président de l’Éstiam, Olivier Comes se souviendra longtemps de cette soirée du jeudi 12 mars 2020. Dans une allocution télévisée, le président de la République annonce la fermeture de toutes les écoles. Une fermeture effective dès le lundi suivant. Comment s’organiser en si peu de temps ? « Involontairement, les grèves des transports de décembre ont servi de galop d’essai. L’Éstiam avait déjà commencé à mettre en place des cours en ligne. »

Dès le lundi 16 mars, l’école supérieure d’informatique arrive ainsi à basculer en 100 % distanciel. Elle déploie massivement Microsoft Teams grâce à son partenariat avec l’éditeur à travers le programme Microsoft Imagine Academy. Cet outil de collaboration à distance permet de créer des groupes de discussion et d’organiser des classes virtuelles. L’élève dépose ses devoirs sur la même interface. En ce qui concerne le matériel, les professeurs – professionnels de l’informatique – comme leurs étudiants étaient déjà tous équipés.

Durant le confinement, l’Éstiam privilégie les interactions humaines et la totalité des enseignements est dispensée en « live », en mode synchrone. Une approche exclusivement distancielle qui s’est poursuivie jusqu’en juillet et la fin des cours.

« Je veux tirer mon chapeau aux étudiants pour leur sens de la discipline et leur engagement dans la durée, applaudit Olivier Comes. L’attention n’est pas la même en visioconférence que dans un cours physique. Dans sa chambre ou son studio, un élève a autour de lui un grand nombre objets de distraction. Pour les plus jeunes, nos étudiants de première année ont 17 ou 18 ans. Ce n’est pas évident d’avoir cette maturité d’esprit à cet âge. »

Pour les étudiants de deuxième année, l’Éstiam a organisé un hackathon dont le thème portait, bien sûr, sur la crise de la Covid-19. Une quarantaine de participants devaient réaliser une application mobile pour répondre à l’appel à projet de l’État portant sur la lutte contre le coronavirus.

Lorsque le distanciel n’était pas possible l’école a fait preuve d’agilité. Par exemple ce fut le cas du partenariat avec Cisco autour du programme NetAcad qui permet à des étudiants de passer des certifications, notamment le CCNA. L’examen ne pouvant se dérouler en ligne, il est décalé à septembre.


Alterner présentiel et distanciel dans une approche hybride


À la rentrée, pas de répit. « La situation s’est même encore complexifiée, observe Olivier Comes. L’école ouvre le 1er septembre et le 2, un étudiant est déclaré positif, sa classe doit fermer. Un de ses professeurs, devenu ainsi cas contact, déjeune avec trois autres enseignants. Par effet domino, la moitié de l’établissement doit être reconfinée. Toute l’année sera comme ça. Des étudiants ou des professeurs quitteront l’école pendant deux semaines puis reviendront. »

Ces bouleversements à répétition incitent l’Éstiam à passer à un système de formation hybride afin de donner des cours en classe pour les élèves présents physiquement et en ligne pour les étudiants contaminés ou cas contacts, confinés chez eux. « C’est techniquement trois fois plus difficile, estime Olivier Comes. Le professeur est filmé et sa voix captée par des micros multidirectionnels. Des haut-parleurs permettent de relayer les questions des étudiants à distance. »

L’école alterne ainsi présentiel et distanciel. « En présentiel, le port de masque rend l’exercice difficile pour les professeurs quand il s’agit de parler pendant des heures. Les étudiants, eux, ont du mal à respirer et donc à focaliser leur attention. » L’amorçage des cours se fait toujours en présentiel pour que les étudiants fassent connaissance avec leur nouveau professeur puis, ils peuvent ensuite se dérouler en distanciel.

Depuis octobre, les écoles, universités et instituts de formation situés en zones d’alerte « renforcée » et « maximale » doivent de toutes façons limiter à 50% leur capacité d’accueil. « Avec cette nouvelle consigne, seules cinq classes sont utilisables sur le site de Paris, poursuit Olivier Comes. Ce qui oblige à faire des rotations. »

La crise sanitaire modifie le contenu même des examens. Comment, en effet, surveiller des étudiants qui planchent chez eux ? « Nous privilégions la soutenance orale qui peut se faire en ligne. » Les journées portes ouvertes se déroulent, elles aussi, uniquement en ligne. « Cela permet de les élargir à tous les campus de l’Éstiam. Des intervenant de Paris, de Lyon ou de Metz participent à l’évènement ».

La formation à distance favorise le développement à l’international


Restant résolument optimiste, Olivier Comes a appris de cette période et en tire déjà des enseignements. « Le distanciel nous permet de nous affranchir des contraintes géographiques. Un professeur basé à Paris peut donner des cours aux étudiants du campus de Lyon. » Dans le cadre du partenariat de l’école avec l’université d’informatique de Kyoto, Kyoto College of Graduate Studies for Informatics (KCGI), le professeur Éstiam qui donne des cours aux étudiants japonais est basé… en Afrique du Sud.

Un autre partenariat de l’Éstiam avec une école de Washington devait permettre d’envoyer là-bas des étudiants pour des cours pendant un mois. Le déplacement n’étant pas possible cette année, ils suivront en ligne les cours dispensés aux Etats-Unis mais aussi à Bangalore (Inde) et peut-être Dubaï. « La crise nous permet d’approfondir la dimension internationale de l’école ».

Fort de ces enseignements, tout l’enjeu pour Olivier Comes est de maintenir la qualité de l’enseignement en dépit des contraintes sanitaires et de trouver un bon dosage entre distanciel et présentiel. « Trop de cours à distance entraîne un risque de décrochage. Trop de présentiel accroit l’exposition au coronavirus et l’enseignement n’est plus aussi qualitatif avec le port masque. » Un équilibre difficile à trouver.

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